Lincoln - Quand Spielberg Tente La Politique ... [ Critique ]
- Film réalisé par : Steven Spielberg;
- Casting : - Daniel Day-Lewis ( Abraham Lincoln );
- Sally Field ( Mary Todd Lincoln );
- Tommy Lee Jones ( Thaddeus Stevens );
- Joseph Gordon-Levitt ( Robert Todd Lincoln );
- James Spader ( WN Bilbo );
- John Hawkes ( Robert Latham ) .....;
- Sorti le : 30 Janvier 2013;
- Genre : Biopic, Drame;
- Nationalité : Américain;
- Durée : 2h30;
- Synopsis : Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.
- La Critique :
Après son mièvre et idéologiquement navrant « Cheval De Guerre » en 2012, l’un des cinéastes les plus connus Steven Spielberg nous revient avec « Lincoln », biopic narrant les quatre derniers mois de la vie de l’homme politique emblématique du même nom, sous les traits du grand Daniel Day-Lewis.
Ce qui émane le plus dans ce long-métrage est son formalisme propre à Steven Spielberg en personne. En effet, le spectateur n’attendait certainement pas ce cinéaste pour lui raconter en profondeur tous les tenants et les aboutissants de ce vote légendaire qui est l’adoption du treizième amendement abolissant officiellement l’esclavage aux Etats-Unis. Comme la plupart des films du réalisateur abordant des faits historiques, « Lincoln » est une œuvre qui ne puise jamais dans le contexte politique mais plutôt dans l’humanité de ses personnages. Une démarche qui aurait pu totalement faire son effet si elle avait été fabriquée autrement. Dès le premier plan du film, le ton nous est donné. Nous avons en face de nous ce grand homme ( au sens propre comme au sens figuré ) apparaissant sur une musique larmoyante de John Williams, un compositeur en forte perdition à entendre les notes paresseuses du film. Dès lors, l’espoir que nous avions quant au fait de voir une oeuvre subtile aussi bien dans sa mise en scène que dans ses dialogues est totalement passée outre. Lincoln est donc interprété par le formidable Daniel Day-Lewis, qui malgré la qualité globale du long-métrage parvient à faire preuve d’une justesse des plus sidérantes et à livrer une prestation méritant allégrement la récompense ultime qu’on lui promet à savoir l’Oscar du meilleur acteur. Il en va de même pour les autres comédiens comme Tommy Lee Jones que l’on avait rarement vu aussi bon ou encore Sally Field dans le rôle de Madame Lincoln. Une direction d’acteurs parfaite et ce, malgré des personnages sans aucune densité psychologique ni émotionnelle. Le combat pugnace et hardi de cet homme de conviction est traité furtivement afin de laisser place aux interminables monologues de ce dernier, bien souvent assommants d’ennui. Des monologues qui, en terme d’intensité dramatique sont absolument insignifiants. La mise en scène de Steven Spielberg ne semble jouer que sur un seul registre qui serait d’édulcorer un maximum les côtés sombres de cette vérité historique, comme la corruption notamment. Bien entendu que la photographie nous offre des moments assez mirifiques, mais reconnaissons à ce « Lincoln » un défaut majeur : Sa sagesse scénaristique d’une naïveté consternante. Véritable appel aux Oscar, « Lincoln » est un film très académique qui ne remet jamais rien en question et qui s’avère aussi passionnant qu’un cours d’histoire de 2h30.
En conclusion, « Lincoln » confirme bien que Steven Spielberg préfère la mise en scène facile et commence sérieusement à devenir un réalisateur racoleur. Un film dont on sauverait uniquement ses interprètes principaux ainsi qu’une ou deux séquences artistiquement intéressantes mais noyées dans un film d’une durée suicidaire ! Spielberg serait-il cinématographiquement mort ?
3/10
Morgan.